L'univers féérique de Calvin et Hobbes : pourquoi nous l'aimons...

Comment ? me direz-vous, si vous connaissez cette série de bandes dessinées. Cet univers est tout sauf "féérique" ! Nous avons choisi le deuxième numéro, dont le titre est : "En avant, tête de thon !" pour expliquer pourquoi nous aimons Calvin et Hobbes.

Tout d'abord, présentons les personnages : les "héros" sont Calvin, un petit garçon, comment dire..insupportable, et son tigre en peluche, Hobbes...Les autres personnages, comme le père et la mère de Calvin, ne voient qu'une peluche ; mais pour Calvin, et aussi le lecteur c'est un tigre vivant...et il  leur arrive à tous deux des aventures ; le tigre est le complice, le spectateur, désabusé ou le rival blagueur de Calvin...(Au fait, nous ignorons pourquoi l'auteur a emprunté les noms d'un théologien et d'un philosophe pour ses deux principaux personnages...)

En quoi Calvin est-il insupportable et en même temps amusant à regarder ? Non seulement il vit dans un monde totalement imaginaire avec Hobbes (qui passe beaucoup de son temps à se jeter sur lui), mais en plus il se prend aussi de temps en temps pour un dinosaure, ou quelque autre horrible bestiole ou extra-terrestre, que ses parents essaient, en vain, "d'éduquer", de "civiliser". Il rend dingue sa baby-sitter, qui ne peut plus le voir, même contre beaucoup d'argent. Imaginez un petit garçon qui a tous les défauts du monde, et vous obtiendrez Calvin. Les parents sont désespérés, ils ne savent plus quoi faire de Calvin, mais ce dernier continue de se prendre pour un super héros ou un monstre, et surtout le centre, le nombril du monde.

Calvin pourrait être amoureux d'une fille de son âge, qu'il croise à l'école, du nom de Susie, mais il fait tout pour l'embêter, parce que c'est une fille, et il essaie de copier sans cesse sur elle, l'élève modèle, lorsqu'ils sont en classe...Il lui arrive aussi de rencontrer Moe, un gamin plus fort que lui, qui le brutalise injustement, sans raison...le lecteur peut ainsi avoir pitié un instant de celui qui se montre si cynique et sans pitié envers ses proches et avec les autres...

Calvin se montre la plupart du temps, il faut l'avouer, complètement immature, mais parfois précoce : en effet, quel enfant parle à son père de sondages sur sa popularité dans la maison, et lui explique que celle-ci, sa popularité, est en chute vertigineuse ?

Calvin est sans doute notre fantasme d'enfant insupportable. Un exemple ? Laissons lui la parole :

"Calvin le criminel va affronter la justice ! Une foule en furie est venue pour assister à son exécution". (C'est toujours Calvin qui parle.) "Alors qu'il gravit les marches, il revoit ses nombreux crimes haineux. Et il n'en regrette aucun. La corde est passée autour de son cou et serrée. C'est la fin." Et on, le lecteur découvre alors en réalité avec stupeur que c'est juste son père qui essaie de lui mettre une cravate ! Pour Calvin, cela équivaut à la potence, à la condamnation à mort...

Cynique est cette BD en noir et blanc, mais elle offre différentes sortes d'humour, très différents ; si c'est parfois, ou plutôt souvent de l'humour noir, agressif, de dérision, c'est aussi parfois de l'humour enfantin, celui d'un vrai enfant (on dirait que Calvin est une rose qui se prend pour un tigre)....Parfois l'humour noir est forcé ; tout est à prendre au second, au troisième, voire au quatrième degré...On espère qu'il n'existe pas d'autre enfant comme Calvin...(même si j'en ai vu un une fois dans la vie réelle qui offrait des ressemblances, je ne dirai pas son nom !)