Le Revizor de Gogol : une satire des fonctionnaires ?

Voici une pièce de théâtre écrite par Nicolas Gogol, auteur russe du XIXème siècle. Un mystérieux inspecteur, et même plus qu'un inspecteur, un "Revizor" est sensé arriver  dans une ville perdue de Russie.

"Jusqu'à présent, grâce au ciel, les inspecteurs inspectaient  les autres villes ; mais voilà que notre tour est venu", dit le Gouverneur aux autres fonctionnaires importants de la contrée, réunis autour de lui (le juge, le médecin, le  surveillant des établissements de bienfaisance, le chef de la poste.etc).

Et, comme chacun d'entre eux a, par  hasard, quelques petits péchés sur la conscience, quelques pots de vin (en fait, ils sont tous "corrompus"), ils "paniquent" à l'idée de se faire inspecter, surtout qu'en outre ils font mal leur travail. Par exemple, les malades à l'hôpital "guérissent comme des mouches". Autres exemples : un autre fonctionnaire sent fort la boisson...Le professeur d'histoire est si fou d'Alexandre le Grand qu'il descend de sa chaire, et, de toute ses forces, lance une chaise sur le plancher. "Bien sûr, Alexandre de Macédoine était un héros mais ce n'est pas une raison pour endommager ainsi les chaises. C'est là une dépense supplémentaire pour l'Etat", dit le gouverneur.

Et voici qu'à force de se méfier, ils prennent un jeune homme de vingt trois ans, fanfaron, descendu dans un hôtel miteux, nommé Khlestakov pour le "Revizor". Et voici qu'on déroule devant lui le tapis rouge...voilà que la femme, et la fille du gouverneur, lui font les yeux doux, tombent devant lui en pâmoison...tous et toutes deviennent ridicules, à force de  faire des courbettes, tous perdent la tête, lui donnent de l'argent...C'est à savoir lequel ou laquelle se montrera le plus bas, ou la plus basse...Et plus ce faux Revizor raconte n'importe quoi (un peu comme dans Molière le Grand Turc!), plus les fonctionnaires font profil bas...ils imaginent qu'il est plus qu'un général, plus qu'un ministre...

Khlestakov symboliserait-il le diable, qui "roule" toutes ces âmes prêtes  à toutes les bassesses pour l'argent, pour la gloire ? En tout cas, il marche dessus, allègrement...

Finalement, il s'en va en calèche, à toute vitesse, après les avoir tous roulé dans la farine, leur avoir promis le mariage, leur avoir fait concevoir de folles espérances, leur avoir pris leur argent...juste avant de partir, il laisse une lettre...le chef de la poste à force d'être tenté de l'ouvrir, finit par "craquer": il la lit, et la relit devant les autres fonctionnaires: tous finissent par comprendre leur terrible erreur....comme il s'est bien moqué d'eux !

Ils n'ont pas le temps de s'en remettre qu'une nouvelle terrible survient, qui les pétrifie, comme des statues. En effet, tout à la fin, n'assisterait-on pas à une sorte de Jugement Dernier, lorsqu'un gendarme déclare : "un fonctionnaire arrivé de Petersbourg sur ordre du gouvernement vous prie de vous rendre immédiatement chez lui. Il est descendu à l'hôtel..." ? A cela, ils ne s'y attendaient plus.