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La Chèvre de monsieur Seguin, d’Alphonse Daudet, des albums du Père Castor, édition Flammarion
Ce conte, qui s’adresse à des plus grands (pas avant 5 ans, et encore, il y a beaucoup de texte, le lecteur devra adapter selon la capacité de son auditoire) offre de multiples interprétations possibles...il est d'une grande richesse...en voici une.
Il y a quelques années, j'ai rencontré un couple, qui, à partir des illustrations de ce livre, m'a donné une interprétation chrétienne tout à fait plausible...La chèvre symboliserait une âme et Monsieur Seguin le bon Dieu, et la chèvre préfère faire ce qui lui plaît plutôt que d’obéir à Monsieur Seguin (dans cet album, on voit à un moment la chèvre qui s’enfuit de l’étable : « elle a l’air méchante, ce n’est pas une bonne chèvre à ce moment-là », m’a fait part ce couple)…
Monsieur Seguin, qui, jusqu’au bout, essaie de la sauver, en jouant du cor à la fin, par exemple, pour la faire revenir, mais la malheureuse, orgueilleuse et cupide chèvre aime mieux flirter avec les animaux des montagnes, se rouler dans l’herbe, brouter l’herbe, que de s’enfuir devant la menace du loup qui vient (l’image du loup dans l’album est plus qu’un loup : on dirait le diable…). Ce dernier l’emporte toujours sur les chèvres, car il est le plus fort…
Voici un extrait, page 16, qui montre bien l’orgueil démesuré de la petite chèvre :
- Que c’est petit ! dit-elle ; comment ai-je pu tenir là-dedans ?
Pauvrette ! de se voir si haut perchée, elle se croyait au moins aussi grande que le monde. »
Un autre extrait, page 20, montre qu’elle refuse la « conversion », qui serait de retourner chez Monsieur Seguin :
- Hou ! Hou !
Elle pensa au loup ; de tout le jour la folle n’y avait pas pensé…Au même moment, une trompe sonna bien loin dans la vallée. C’était ce bon M. Seguin qui tenait un dernier effort.
- Hou ! Hou ! …faisait le loup.
- Reviens, reviens !...criait la trompe.
Un autre extrait prouve sa folie, sa démesure, dans son combat contre le loup :
« Pendant ces trêves d’une minute, la gourmande cueillait en hâte encore un brin de sa chère herbe ; puis elle retournait au combat, la bouche pleine… »
C’est vraiment « carpe diem », interprété par les hédonistes. La pauvre est en danger de mort, et elle ne songe qu’aux plaisirs terrestres et sensibles.
La dernière phrase est terrible :
« Alors le loup se jeta sur la petite chèvre et la mangea. »
Après, il existe une autre interprétation : c'est la chèvre qui aurait raison, et c'est Mr Seguin qui serait ennuyeux !
Je pense que les deux interprétations sont possibles !